Déambuler et picorer

L’inauguration hautement médiatisée de La Samaritaine, vieille dame mémorable échouée en bord de Seine et liftée à grands frais, est-elle un préambule au commerce de demain ?

Depuis plus d’un an, la fermeture des magasins a accéléré l’emprise du e-commerce, leur réouverture impose la domination de l’expérience hybride du shopping physique et digital. Un équilibre délicat pour les distributeurs qui doivent gérer des clients qui plébiscitent l’hybridation à géométrie variable et la proximité relationnelle. Face aux nouvelles interactions commerciales, le modèle des grands magasins, jamais figé depuis sa création au XIXe siècle, doit à nouveau se réinventer.

La Samaritaine renaissante (gérée par DFS) trace l’idée d’un commerce possible où l’intérêt et le désir sont systématiquement contrariés pour inciter à un vagabondage sans logique apparente dans un vaste showroom luxueux où tout est à voir et à toucher (et à vendre !). Des kiosques ouverts, des tribunes de marques, des galeries de curiosités, des linéaires étendus, des échoppes in the shop, des espaces de bavardages et de repos, des comptoirs gourmands éparpillés…, tout est fait pour inciter les clients à déambuler et à picorer.

Seule interrogation : comment rentabiliser 20.000 m2 d’espaces de ventes de 600 marques de luxe avec des promeneurs qui vont acheter une babiole et boire un café ? Sur cette portion mass-market et sans charme de la rue de Rivoli, LVMH fait un pari.

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Photo : © DC