Des gens fortunés sont à la recherche d’une clé qui leur ouvrirait un passage vers l’immortalité. Des start-up adeptes de l’idéologie transhumaniste s’attellent à chercher des solutions miracle pour ralentir le vieillissement, décupler la longévité, voire rendre immortel. Le marché de la jouvence n’étant pas à la portée de toutes les bourses, les milliardaires sont les premiers à soutenir la recherche pour « tuer la mort ». Pour autant, tout le monde craint le couperet de la Grande Faucheuse qui rit sous cape devant l’obsession de l’humanité pour l’immortalité, une quête intensifiée par des chimères technologiques et des divagations scientifiques.
L’artiste serbe Marina Abramović, connue pour ses performances qui mettent son propre corps à rude épreuve, repoussant les limites de la vie et de la mort, apporte son tribut à la recherche d’immortalité. Âgée de 77 ans et espérant vivre jusqu’à 110 ans, elle a lancé sa marque de soins destinés à la longévité. « Mon idée pour le concept Longevity Method est de redécouvrir les rituels oubliés et la connaissance du passé », explique l’artiste. Ajoutant que ses quatre produits de soins rassemblés dans un coffret à £459 (environ 538 €), agissent pour « vivre le présent, longtemps et en bonne santé. » Un prix accessible pour la production d’une artiste contemporaine et une création insolite limitée à 2 000 exemplaires. S’agit-il d’une performance, satire d’une industrie de la beauté mercantile, ou d’une œuvre de bienfaisance pour calmer les effrois d’une humanité vieillissante qui voit ses rides comme autant de précipices dans lesquels elle tombera inévitablement ?
L’art ne rend pas immortel mais invite à une forme d’éternité, les grandes œuvres traversent l’histoire du monde, jusqu’à se bonifier et à prendre de la valeur au fil du temps. Au XVe siècle, les papes, les souverains, les princes inventent le concept de « collections » pour les sculptures et les peintures qui s’accumulent dans leurs palais. Aux XVII et XVIIIe siècles, ces collections privées s’exposent au public et les premiers musées d’art ouvrent leurs portes. Au XXe siècle, les fondations de collectionneurs d’art contemporain, souvent des entrepreneurs et des capitaines d’industries, partagent un objectif de soutien aux artistes. Un élan philanthropique soutenu par des marques de luxe et de masse qui, en plus de se faire une place dans le champ culturel, s’entichent de la perpétuité de l’art, elles rêvent d’y laisser une empreinte indélébile, de toucher du doigt l’éternité. Si l’art est immuable, l’humanité est présomptueuse, la Grande Faucheuse n’est pas en cessation d’activité, Marina Abramović non plus…
Images : Le Triomphe de la Mort, œuvre de Bruegel l'Ancien, flacon Immune de Marina Abramović Longevity Method.
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