Belles, belles, belles…

Le féminisme du XXIe siècle doit de battre sur deux fronts : faire progresser une égalité de droits et d’existence pour les femmes encore très déséquilibrée, défendre les attraits d’une féminité qui ne doit pas disparaître sous les burqas des régimes totalitaires ou les camisoles des féministes asséchées, pour qui la sensualité est une maladie honteuse. Les femmes ne sont pas des hommes comme les autres, elles ont un cou gracile, des seins joyeux, un fessier qui chaloupe, des jambes galantes qu’elles croisent d’un geste sûr d’éminence de l’élégance, elles ont la bonté de rappeler que la séduction est un cadeau à partager, une considération pour elles-mêmes et pour les autres qui implique du respect.

La semaine de la haute couture qui s’est achevée, si unique et si parisienne, est un hommage à une féminité épanouie dans les bienfaits d’une mode chantournée par des petites mains très habiles et dévouées, cousant avec respect des robes à foison qui n’ont qu’un objectif : rendre les femmes belles (les femmes de l’élite financière et patrimoniale, nous sommes d’accord) et défendre l’idéal d’une mode qui se moque des tendances, de l’utilité, des atrocités du monde, pour le seul plaisir de paraître.

Parmi la trentaine de défilés présentés, rares ont été les mannequins empaquetés dans des silhouettes impardonnables, rêvées par des couturiers ou des couturières calamistrés par leurs prérogatives de styles, au contraire, on a vu des silhouettes altières, aimables, galbées dans les étoffes pour mettre en valeur ce que les hommes n’ont pas : une aisance à porter la mode, une mode toujours exigeante, souvent abusive. Une mode attachante dont la désinvolture calculée suggère plus qu’elle n’impose. Comme le travail de précision et d’excellence de Virginie Viard, directrice artistique de Chanel, qui a dévoilé une collection de haute volée couturière pour habiller des femmes. Ce n’est pas le seul défilé que j’ai apprécié, mais celui-ci m’a rappelé une remarque du philosophe allemand Friedrich Schlegel : « Seule une féminité autonome, seule une masculinité tempérée sont bonnes et belles. »

Photos : D.R.

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