Dans une société secouée par les soubresauts souvent violents de l’actualité, la haute couture parisienne s’offre comme une bulle, le spectacle inouï de l’acrobatie vestimentaire parfois éblouissante, une démonstration de savoir-faire à la fois démodée et moderne.
La modernité est une dynamique vitale de dépassement du passé. La haute couture est une hyperbole de ce dépassement où le curseur glisse du passé au présent, parfois jusqu’au futur. Quand des couturiers restent dans l’esthétique de la haute couture flamboyante pour milliardaires, d’autres expérimentent des voies où elle prend une nouvelle dimension sans renier sa particularité : produire des silhouettes éloignées du quotidien des femmes qui en rêvent. Un vêtement de haute couture ne se porte pas, il se vit dans le contexte de la parade sociale d’une caste.
La mode est une fuite en avant, elle peut parfois marquer un temps d’arrêt sur le sens d’une surproduction de signes bien futiles. Un temps suspendu et tendu vers le futur chez Balenciaga dans le giron du groupe Kering. Sous la houlette de Demna Gvasalia, styliste formé à l’école d’Anvers, tenant de la mode de rue déhanchée et de la mode de manifeste expérimentale, il s’est fait le passeur inventif d’une régénération entre le patrimoine stylistique de la maison et sa vision esthétique braquée sur l’horizon. Dans une échappatoire à l’expression convenue de la haute couture, il a promu une mode exceptionnelle, réformiste, fondamentale, désirable. Sa collection ne brille pas par ses paillettes, mais par une modernité qui éblouit par sa justesse, le renouveau des traditions. Cristobal Balenciaga, disait “l’élégance, c’est l’élimination”, the king of fashion, a trouvé son dauphin.
Photo : © Balenciaga