À Milan comme à Paris, les collections masculines ont renoué avec un vestiaire plus orthodoxe, plus abordable pour les hommes de la rue à la recherche de vêtements pas de déguisements. Revisiter les standards et pousser le curseur du flou non genré vers la renaissance d’une mode davantage sexuée, ont guidé les créateurs. L’idéologie woke qui fixe son horizon social à la fusion des hommes et des femmes dans le maelström de la déconstruction de l’identité de genre, est évidemment toujours très pénétrante. Il suffit de noter la progression alarmante du nombre de mineurs en dysphorie de genre dans les pays occidentaux. Des bataillons d’adolescents qui changent de sexe et, quelques années plus tard, rétropédalent face à la réalité têtue de la biologie humaine. On ne remplace pas si facilement le sexe par le genre, un principe de réalité bien compris par une mode masculine plus subtile et attentive à habiller son époque avec moins de radicalité.
À l’image de la collection Prada baptisée fort justement « Back to work » (et non pas to wok…), déployant des silhouettes judicieuses, des volumes relâchés et confortables, une masculinité sexuelle ni caricaturale ni agressive. Certes les mannequins adulescents ont encore l’allure efflanquée de L’Homme qui marche de Giacometti, mais la teneur stylistique réduit le gender fluid à quelques pas de côtés comme des incongrus bonnets de bain sur la tête des mannequins... (Presque) tous les créateurs taillent des costards aux idées reçues pour repenser la nature même de la mode : faire des vêtements. Pas s’égarer dans de vagues postures socialo-politiques.
La collection de Pharell Williams, DA hautement inflammable de Louis Vuitton, ne dit pas autre chose, il s’est inspiré de la figure virile du cow-boy, en la faisant descendre de son cheval pour mieux la glisser dans les envies et maniaqueries des amateurs de streetwear clinquant mâtiné de hip-hop bruyant. Moins pétaradantes, les collections parisiennes se sont inscrites dans une lignée esthétique qui équilibre le portable et le désirable, la virilité et la féminitude, une mode efficace qui n’empêche pas les fantaisies salutaires, un ordonnancement visible chez Dior, Ami, Dries van Noten, Hermès, Valentino ou encore Paul Smith qui confiait au Figaro : « Nous sommes une marque réelle qui habille les vraies gens. » Tout est dit.
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