Haute voltige

Dans une capitale saccagée par une édile incompétente en termes de style qui ne fait pas la différence entre un paillasson et un tapis persan, la haute couture parvient à sauvegarder un patrimoine qui, loin de s’endormir, palpite comme une jeunesse en émoi. Pourtant, combien de cassandres ont prédit sa mort, agonisant dans une désuétude annoncée. Les nombreuses présentations, dont beaucoup d’étrangères, témoignent de sa vivacité, elles ont accueilli le gratin cosmopolite, envieux de porter des atours en falbalas pour parader sur les tapis rouges ou pour simplement s’habiller chaque jour avec des vêtements à nul autre pareil. La haute couture est un monde à part concentré à Paris qui préserve les savoir-faire de centaines d’artisans qui tirent l’aiguille pendant de longues heures pour assembler des robes (beaucoup de robes !), des tailleurs, des manteaux… qui font leur gloire et celle de maisons fortunées en termes de revenus et de réputation.

Malgré le chaos du monde (ou à cause ?), le luxe affiche des croissances hors-sols, évidemment tirées par des personnes dont le pouvoir d’achat n’est pas un défi quotidien, mais aussi par des individus qui se réfugient dans l’artifice de la consommation flatteuse et/ou vaniteuse. On peut débattre de la pertinence du luxe dans un environnement social en souffrance, et brailler comme la gorgone écolo Marine Tondelier qui veut « une France sans milliardaires » (sic !), le luxe est une industrie vitale à notre économie et à la France où les usines disparaissent depuis plus de 40 ans. Qui plus est, le secteur du luxe et tous ses satellites rééquilibre autant que faire se peut une balance commerciale dans les abysses.

Davantage qu’une « France sans milliardaires », une Assemblée nationale sans débiles serait plus prolifique à un apaisement constructif de notre république ébranlé par des prédateurs politiques qui bloquent le pays pour leur seul profit. Le luxe n’est pas une affaire de riches ou de non-riches, mais de célébration d’un héritage national que des capitaines d’industrie transforment en marques éternellement désirables. Et en cash machine…  

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Photo : D.R.