Le luxe olympique

L’année 2023 a montré la difficulté à faire des prévisions sérieuses, tant l’Histoire qui s’écrit est noyée sous les flots dévastateurs de l’actualité. Alors, plutôt que de vous proposer une vision prospective tiède ou cataclysmique de la nouvelle année, je me suis penché sur deux récentes informations économiques qui m’ont marqué.

La première information, la capitalisation boursière cumulée d’Apple, Microsoft, Alphabet, Amazon, Tesla, Meta et Nvidia, qui est passée de 6 869 mds de dollars en janvier 2023 à 11 981 mds de dollars en janvier de cette année ! Une capitalisation qui a quasiment doublé en un an… Ces entreprises, que Wall Street réunit sous la bannière symbolique des « Magnificent Seven » sont des leaders planétaires, tous américains, ils accompagnent (et parfois l’envahissent un peu trop) notre quotidien. Une domination hégémonique qui agace, notamment les Européens grands absents du marché de la tech, sans acteur d’envergure capable de proposer des alternatives. Les États-Unis ne nous craignent pas, ils s’inquiètent de la montée en puissance technologique de la Chine aux ambitions conquérantes pour ne pas dire totalitaires. Nous serions bien avisés de nous inquiéter aussi, l’Empire chinois n’est pas une démocratie…  

La seconde information, le groupe Trail, acteur majeur du Private Equity Institutionnel, a lancé un nouveau véhicule d’investissement baptisé SLAM, un clin d’œil à l’art déclamé de la performance poétique et surtout acronyme pour Sport, Luxe, Art et Musique. Cet attelage inédit de secteurs, en général traités séparément par les investisseurs, est plutôt pertinent dans un contexte d’hybridation économique où les accouplements d’expertises et de savoir-faire, d’image et d’attractivité génèrent des perspectives de croissance et de marge. L’Europe n’a pas de tech (ou si peu), elle a du style. L’Italie et la France en tête, sont les mercenaires du luxe, avec des entreprises très performantes et des groupes de taille planétaire qui réinventent et façonnent le luxe, non pas engoncés dans leur zone de confort comme des rentiers, mais comme des investisseurs qui se piquent de curiosité, ouvrent de nouvelles voies, créent de nouvelles tribunes pour déclamer la poésie d'un luxe enchanté et dérangeant. Selon Wikipédia, « le slam appartient au genre de la poésie engagée, dont il renouvelle les codes. Le vocabulaire est familier (argot, verlan, néologismes) et le choix des mots est au service de la rythmique. Les jeux de mots et de sonorités sont fréquents (paronymes, rimes, synonymes). » Rythmique, argotique, vulgaire, engagé, bruyant, spectaculaire, attractif, le luxe en 2024 sera encore au cœur de l’hybridation Slam, le groupe LVMH n’est-il pas un des Partenaires Premium des JO à Paris, ce barnum égrillard de l’olympisme instrumentalisé ?...

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