Management du remous

Avec l’affaire Balenciaga, la toute-puissance des directeurs artistiques a montré ses limites. Les marques obsédées par la volonté de faire du bruit pour du bruit (lire ou relire mon article « Sport de combat ») oublient le bon sens et la dignité. Comment de telles images ont-elles pu paraître sans que personne ne réagisse au sein de la Maison ? Le management du remous pour occuper le terrain médiatique — qui tourne parfois au remugle —, a vraisemblablement été privilégié, bien que la direction de l’entreprise s’en défende, confessant à demi-mot sa surprise.

Demna Gvasalia est familier des bousculades esthétiques qui sont salutaires, mais il est aussi un activiste de la provocation extrême, nécessaire quand on fait de l’art, pas quand on vend des sacs à main et des robes. Les grands créateurs de mode font bouger le biais et le droit fil, en tirant parfois sur la corde pour attiser nos envies/besoins de séduction, ils n’ont pas besoin d’agiter des chiffons rouges pour démontrer qu’ils existent.

Dans un article paru ce matin sur Fashion Network, le PDG de Balenciaga Cédric Charbit s’excuse des dérives offensantes de sa stratégie publicitaire et a annoncé la nomination d’un « Image Board responsable » (sic !) « afin d’évaluer la nature de nos contenus, du concept au produit final, y compris du point de vue de l’expertise légale, de la durabilité et de la diversité ». Étonnant ! Ce qui sous-entend qu’il n’y a pas de direction communication et marketing dans sa Maison qui aurait normalement évité pareil dérapage. À moins que le DA (Démiurge Artistique) exerce son totalitarisme stylistique sans que personne n’ose contenir son « génie » dévastateur. Cristobal Balenciaga doit se retourner dans sa housse…

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Photo: © D.R.