Sport de combat...

La mode est un marathon qui se court plusieurs fois par an avec des collections saisonnières, croisières, capsules, collaborations, etc. : en moyenne entre 4 et 10 par an. Le luxe est un sport de combat où s’affronte des géants sur un ring planétaire, chacun doit peser à minima 7/8 milliards d’euros de CA pour exister dans une compétition d’images démonstratives et de it-products désirables. Après 7 ans de bons et joyeux services, Alessandro Michele, christique directeur artistique de Gucci, a été remercié par le groupe Kering propriétaire de la marque italienne. Malgré les éloges ampoulés de circonstances, les investisseurs institutionnels s’agaçaient du ralentissement des ventes et des performances moindres que le grand compétiteur LVMH largement vainqueur de la gigantomachie ambiante. Kering s’inquiète d’autant plus que, selon la dernière étude de Bain & Company, le marché du luxe personnel devrait connaître une croissance de +22% à 353 milliards d'euros par rapport à 2021, en attendant une décélération l’année prochaine.

Au-delà de cet affrontement chiffré, Alessandro Michele, qui n’a pas démérité en apportant un souffle créatif reconnu et apprécié, semble tourner en rond dans sa cage dorée. Son esthétique très cultivée, débridée et revigorante « amuse » moins des consommateurs papillonnants et inconstants qui s’extasient sur le dernière collection instagrammable, le nouveau créateur tik-tokable. Cruauté de cette mode d’impatience dans laquelle sont tombées les marques de luxe (à l’exception notable d’Hermès…) obligées de mener des pugilats artistiques permanents pour démontrer leur puissance.

Hier, j’animais une matinée de réflexion autour de l’écoresponsabilité dans la mode, organisé par Mod’Spé, tous les intervenants s’accordaient pour dire qu’il était temps de poser les gants et d’arrêter le massacre : chaque année, la mode produit entre 80 et 100 milliards de vêtements et d’accessoires, est-ce bien supportable ?

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Photo : © D.R.