Apologie de la basket-charentaise

« La scène universelle de l’homme contemporain, c’est le canapé face à un écran », constatait le philosophe Pascal Bruckner interviewé par Le Figaro le 5 octobre dernier pour la promo de son dernier livre ‘Le sacre des pantoufles Le renoncement au monde’, publié chez Grasset (dont j’encourage la lecture). Le 22 octobre dernier à FashionNetwork, Philipp Plein, le Versace germanique, à la tête de sa marque éponyme et flamboyante (dont les démonstrations tapageuses m’amusent), déclarait : « Dans une industrie du sport dominée par des géants, comme Nike ou Adidas, je souhaite faire ma place comme outsider et vais ouvrir plus de 300 boutiques Plein Sport ces trois prochaines années ».

Confronter l’intelligence philosophique de l’un avec l’opportunisme sportif de l’autre peut étonner. Or, la philosophie bien fondée est réconfortante pour l’esprit, la mode effrontée est aphrodisiaque pour le paraître. Et le sport sur canapé (cela dit sans trivialité, qu’on ne se méprenne pas) est devenu un enjeu économique majeur où les milliards de dollars et/ou d’euros tombent dans l’escarcelle d’un complexe sportivo-industriel très actif qui allèche les babines cosmétiquées de l’industrie de la mode.

Le sport est à la mode, la mode est un sport qui multiplie les effets de style pour séduire le lambda toujours en quête du moindre effort, mais qui entend parader avec des panoplies décontractées largement logotypées de trois bandes, du swoosh ou autre coup de griffe bien visible. Chaque année, l’espace public est saturé d’événements sportifs planétaires — aux sinuosités éthiques de plus en plus discutables — dont la télégénie calculée renvoie à l’esthétique vestimentaire où la culture physique n’est qu’une apparence pour faire le beau, pour être cool.

Le sportswear et ses extensions athleisure et casual sur canapé sont-ils un renoncement au formalisme ? Lors de la dernière fashion week parisienne, Demma Gvasalia, DA vibrionnant de Balenciaga, a chahuté l’humeur des traditionalistes en présentant une pochette en cuir inspirée d’un paquet de chips Lay’s, une façon détourner de rappeler que nous sommes autant victime de la mode que couch potatoes…  

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Photo : BySeay