Le luxe en (pleine) conscience

« Le luxe tapageur et frauduleux de l’élite russe sous Poutine » titrait Le Monde le 22 mars 2017 dans un article décrivant l’enrichissement frauduleux des oligarques courtisans du dictateur soviet’. Les nouveaux riches qui se propagent comme des plantes invasives dans les autocraties d’Amérique du Sud, d’Asie, du Moyen-Orient, d’Afrique… raffolent en effet des symboles rutilants que leur permettent d’acheter leur ultra richesse ; souvent corrompue jusqu’à l’os, cette pseudo élite agite les hochets de son contentement à parader avec les productions ostentatoires des grandes marques européennes.

Depuis l’invasion imaginable car prévisible du va-t-en-guerre du Kremlin contre l’Ukraine, les groupes et les maisons de luxe ont tiré le rideau de leurs boutiques en Russie (URSS nouvelle vague devrait-on dire…) par décence et par solidarité envers une démocratie agressée, une Europe touchée, un monde tangué par une troisième guerre qui couve. Ce geste attendu, aux répercutions assez faibles aujourd’hui — les Russes pèsent moins de 3% des ventes globales du luxe —, pourrait s’avérer plus lourd de conséquences demain. Les marques de luxe devront en effet introduire un nécessaire examen de conscience dans leur stratégie de croissance en choisissant leurs clients nantis sous un angle plus humaniste, quitte à perdre des plumes.

Lors de la pandémie, les politiques dans leur majorité ont fait le choix de privilégier la santé et la vie à l’économie de marché ; face à l’agression d’une démocratie par un barbare, les citoyens du monde libre ne comprendraient pas que des marques qui défendent des valeurs vertueuses d’honorabilité et de beauté qui font la fierté de notre civilisation, ouvrent les yeux l’instant d’une guerre et les referment la paix revenue.

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