« Des ventes record, un bénéfice net et une marge au plus haut, et pourtant. Hermès a célébré vendredi les meilleurs résultats de ses 185 ans d'histoire par un trou d'air en Bourse, qui le place bon dernier du CAC 40. Après avoir perdu jusqu'à 8,4 %, le titre se stabilisait vers les 1.200 euros (-4,5 %) à la mi-séance », écrit Les Échos du 18 février 22. En lisant ces lignes et l’article dans son intégralité, j’ai été étonné par cette réaction excessive des investisseurs. Alors que le CA d’Hermès est en hausse de 30% par rapport à 2019 à 8,982 Mrds d'euros et le résultat net à 2,445 Mrds d'euros soit près d'un milliard de plus qu'en 2019...
Cette irritabilité du marché est liée au fait que la Maison du Faubourg Saint Honoré ne produit pas assez de marchandises, pas assez vite, tenant en haleine trop de clients en attente de livraisons trop longues et trop lentes. Heureusement que les dirigeants d’Hermès ne se laissent pas démonter par cette cavalerie de financiers trop âpres au gain.
Du haut de ses presque deux siècles d’existence, Hermès tient sa vitalité à la beauté de ses produits manufacturés par la précieuse expérience et la maniaque exigence d’artisans qui prennent leur temps dans des dizaines d’ateliers implantés dans les provinces françaises. Hermès n’a pas besoin d’être à la mode clonée par les tendances, elle est le luxe suspendu à la mesure d’un temps qui ne compte pas ses heures, ni ses années. A une cadence maîtrisée, cette entreprise familiale de plus de 16.600 collaborateurs, (ils étaient seulement 8.366 en 2010), engage et instruit des centaines de professionnels de multiples corps de métier pour répondre à la pression affective de clients dans le monde entier. La stratégie imparable de la Maison n’est pas de sonner la charge au toujours plus, mais de valoriser des savoir-faire ancestraux qu’elle domine pour répondre à la tension productive.
Le luxe de supermarché aux linéaires offerts aux mille mains impatientes n’est pas celui d’Hermès dont le mantra pourrait être « Fit the century, forget the year ». Dans mon livre, Les nouveaux impératifs du luxe, publié chez Maxima, je démontre que le luxe de haute lignée doit (re)devenir élitiste, parce qu’un produit supposé rare trop accessible n’est pas un produit de luxe, il n’est souvent qu’un avatar barbare. Pour Hermès, le temps n’est pas l’argent des actionnaires (enfin pas que…), mais l’assurance-vie de son éternité…
Les nouveaux impératifs du luxe, Maxima 2020
Photo : © Hermès
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