Louis-Philippe Starck…

Louis Delanois (1731-1792), ébéniste inventif en siège, a créé, sous le règne de Louis XVI, la chaise dite « médaillon » ou « à médaillon ». Philippe Starck (1949-), designer véloce en tout, a recréé l’année dernière, sous la présidence d’Emmanuel Macron, la chaise médaillon de Dior, « symbole d’élégance cher au couturier ». Pour mémoire, en 2002, Starck nous avait déjà gratifiés de la chaise Louis Ghost éditée par Kartell, en version plastique transparent… Les historiens du mobilier racontent que ce siège, né en 1769, « combine lignes simples et formes géométriques épurées, pensées en opposition aux formes complexes du style Louis XV et de ses excès baroques. » À l’époque de sa souveraineté couturière, Christian Dior appréciait la chaise médaillon inspiré de l’antiquité, un siège qui, à ses yeux, était « sobre, simple, mais surtout classique et parisien ».

Après le coup du siège médaillon, Starck revient chez Dior cette année, invité à créer une ligne complète de mobilier actuellement présentée au Salone del Mobile à Milan. Au vu ce qu’on y voit, Starck fait du Starck, du lisse, de la ligne claire, du retournement historique avec ici et là, des inserts divertissants pour rappeler qu’il est un trublion. Et un partisan du « design démocratique » et assez peu « fervent du luxe », défend-il, interviewé par l’AFP lors du vernissage milanais. « Le luxe, quand c'est montrer à quelqu'un d'autre qu'on a plus d'argent, ça me dégoûte », a-t-il ajouté. Une embardée mélanchonesque qui souligne à tel point il n’aime rien de moins que guillotiner les conventions bourgeoises et brocarder le milieu du design en travaillant pour Dior.

On retrouve aussi son sens de l’ironie dans une exposition au Musée Carnavalet, « Philippe Starck, Paris est pataphysique ». Une déambulation parisienne dans l’ego du créateur, régent du Collège de Pataphysique depuis 2021 (si, si), qui, en douze arrêts choisis, nous entraîne jusqu’au Palais de l’Élysée, dans la chambre de Danielle Mitterrand, épouse du monarque socialiste des années 80. Cette courte, très courte exposition amusante est une dérive mineure dans l’esprit d’un pataphysicien (ou patacesseur, le terme est plus drôle) qui a le talent de se placer délibérément au centre de tout et surtout de lui-même, pour imposer sa vision du monde. En jouant le rôle de bouffon du roi…  

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Photo : © LVMH