L’OCHKL et soft power…

Avec fanfare et fanfaronnade, le groupe LVMH a inauguré le temple historique de Tiffany & Co sur la Ve Avenue à l’angle de la 57 rue à New York, une réouverture à la hauteur des ambitions du groupe français qui a racheté le joaillier en 2021, entamé une sévère cure de jouvence qui semble porter ses fruits et dressé un pont symbolique entre le nouveau et le vieux continent. Les Américains sont les rois du mass market et de l’opportunisme politico-marchand, ils dominent le monde avec les GAFAM (Google, Apple, Facebook, Amazon, Microsoft) et avec les NATU (Netflix, AirBnb, Tesla et Uber). Les Français sont les archiducs du luxe access et ultra dont la prééminence est assurée par L’OCHKL, un acronyme aussi improbable qu’imprononçable (mais difficile de faire autrement) qui rassemble L’Oréal, Chanel, Hermès, Kering, LVMH, des géants aux poches pleines, pesant à eux cinq plus de 100 milliards d’euros de chiffre d’affaires, deux fois plus qu’il y a dix ans !

La France est une puissance moyenne en déclin, un constat soutenu par des diplomates chagrinés et désespérés par des politiques gagnés par une « myopie stratégique, une arrogance, une surestimation de la place de la France dans le concert des nations, une grandeur fantasmée et un excès de communication et de sentimentalisme… » A cela s’ajoute, une dette incontrôlable, un déficit abyssal, des taux d’intérêt qui grimpent et un climat social explosif. Bref, la chienlit, comme disait l’autre. Fort heureusement, parmi ce maelström de tragédies surjouées, des entrepreneurs et des créateurs surnagent et tentent de dresser des digues pour empêcher les talents et les forces vives de se délocaliser sous des cieux plus riants où l’horizon ne se limite pas à une retraite précoce.

Sous l’autorité de L’OCHKL, un large éventail des plus belles marques de luxe au monde donne à la France une rutilance à son soft power terni, en promouvant une culture du paraître et du bien vivre pourvoyeuse de devises. Les Français-jamais-contents n’aiment pas les riches par réflexe égalitariste et sourde convoitise, ils devraient pourtant se rappeler que le luxe est une arme de distinction massive et un formidable instrument de la politique économique dans une mondialisation implacable dont la France n’est pas/plus l’épicentre. Une France dont la réindustrialisation émerge à la peine, gargarisée par « un excès de communication et de sentimentalisme »… 

Photo : © Tiffany & Co

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