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Avant l'éclosion des premières herbes folles, la France rurale fait la belle à Paris avec un Salon de l'Agriculture qui nous fait croire que nous sommes tous paysans, ce qui est loin d'être une réalité dans un pays où 80 % de la population vit dans les villes. Reste que pour un peuple nostalgique qui vit dans le passé, la paysannerie est vécue comme un baume, lillusion dune France figée dans ses Trente Glorieuses.  

Ce rendez-vous annuel des veaux, vaches, cochons, couvées est aussi un grand rituel politique qui prend une coloration particulière lors de présidentielles. En effet, tous les candidats putatifs se croient obliger de venir flatter la croupe des PrimHolstein, Charolaise, Normande, Montbéliarde et autres Limousine. Non qu'ils se sentent en osmose avec ces mammifères, mais ils viennent mendier les voix de cette France paysanne qui se réduit comme une peau de chagrin. En effet, en dix ans, leur cheptel aura encore perdu près de 335.000 agriculteurs, passant de 1,3 million en 2000 à moins de 970.000 en 2010.

Pourquoi alors les politiques se forcent-ils à mettre les pieds dans la gadoue pour cette poignée d'irréductibles ?

Parce que les paysans sont bruyants, parfois violents, bien organisés en lobbies pour réclamer des aides et des subventions dès que le vent tourne, et parce qu'ils sont incapables dans le même temps de résoudre les crises à répétition qu'ils génèrent faute de vision, par manque de remise en cause d'un système d'agriculture fatigué et peu compétitif, par incapacité à anticiper des modes de consommation qui évoluent... Il suffit pour s'en convaincre de constater à quel point les agriculteurs français sont très en retard dans le domaine du bio avec péniblement 10% des fermes converties, alors qu'il en faudrait plus du double ; résultat, fruits, légumes et viandes bio sont massivement importés d'autres pays comme l'Allemagne ou... la Chine !

Il est vrai que les paysans français n'aiment guère les écolos, empêcheurs de semer en biais, c'est pour cette raison qu'ils ne semballent guère pour un candidat socialiste qui se frotte de trop près à ces irresponsables verts. De toute façon, conservateurs dans l'âme, voire réactionnaires, les agriculteurs votent massivement à droite, mais le Président actuel, qui pourtant n'a pas démérité pour la défense de leurs intérêts, n'a guère d'empathie pour cette communauté rurale et ne va donc pas en récolter les fruits. Peut-on le blâmer ? D'autant que les agriculteurs semblent tous regretter Jacques Chirac, seul Président qui aimait lever le coude avec eux, plonger dans les rillettes et saucissonner en s'esclaffant. Le Président Sarkozy a le tort de ne pas apprécier ni le vin rouge ni le brie coulant et encore moins le boudin sanguignolant.

Alors, les paysans vont se tourner vers le parti crypto-fasciste qui leur promet une ruralité de carte postale en fermant les frontières et en "nationalisant la PAC" (sic !), ce qui finira de les réduire à une poignée de Gaulois dans un village aux allures de campagne fantôme. De nation agricole, la France sera alors une nation qui dégringole... 

Tag(s) : #Idées
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