Semer le désir...

En règle générale (si tant est qu’il ait des règles générales à ce sujet…), quand une marque de luxe attaque un nouveau secteur d’extension, à la fois pour occuper le terrain de l’image et s’enrichir, elle fait assaut de marketing pour pousser du coude des concurrents qui ne manquent pas de battre des ailes pour parader.

Hermès, toujours à part, étend ses « métiers » (chez Hermès, chaque extension est liée à un savoir-faire qu’elle entend maîtriser) avec l’adresse de la libellule qui convoite un papillon, la beauté est donc devenue le 16^ème métier de la Maison qui a débuté avec du rouge à lèvres déployé dans des couleurs plutôt attractives et un packaging plutôt Bauhaus (dessiné par Pierre Hardy) qui n’est pas sans rappeler l’œuvre de Josef Albers en vedette actuellement au MAM (Musée d’Art Moderne). « La couleur, selon moi, se comporte comme un être humain […] de deux manières distinctes : d’abord dans son existence autonome, puis dans sa relation à autrui », a écrit cet artiste, grand maître de la couleur et de l’abstraction.

Sur cette même théorie de l’existence autonome de la couleur et dans sa relation à l’autre, Hermès sort sa ligne de vernis à ongles et de soins pour les mains, c’est beau, c’’est simple, sans glamour tape à l’œil ni révolution, avec juste ce qu’il faut de désir pour séduire des clientes et des clients — des hommes aiment le vernis — plus contemplatifs qu’exhibitionnistes. L’art de semer le désir de beauté en touches colorées…

Photo : © Larissa Hofmann/Hermès