Effluve à puces...

Le monde du parfum est à la fois traditionaliste et avant-gardiste, ennuyeux et surprenant. Perdu dans les sombres dédales du mass market, les marques enfilent les lancements comme les perles de la Castafiore qui brame plus qu’elle ne chante. Une déception pour nombre d’amateurs de sillages, trahis par des maisons qui nous font casquer 80 à 100 euros les 50 ml pour des jus sans étoffe. Une déambulation chez Sephora ou Marionnaud frise l’agression olfactive avec des fragrances entêtantes à donner des migraines. Et une platitude marketing qui offense l’intelligence.

Pour tenter de sortir de la nasse, les multinationales de la parfumerie accouplent leurs grands nez à des immenses cerveaux dotés d’une intelligence artificielle. Une combinaison d’études consommateurs et de neurosciences pour imaginer des parfums, futurs champions du Top 10 de la parfumerie mondiale.

A l’instar du dernier parfum Paco Rabanne, Phantom, imaginé par la société IFF promotrice de la « créativité augmentée » dont les algorithmes ont dosé avec précision les ingrédients et les émotions olfactives du dit jus. Et pour parfaire cette intrusion technologique, le flacon est connecté à une puce qui donne accès à des images, des playlists, des jeux…. Franchement à quoi ça sert ? Se parfumer est un geste de séduction, pas une course à la performance avec Super Mario.

Quant à la fragrance légère et consensuelle, elle est logée dans un robot sympathique et rigolo comme un jouet. Le seul souci ? Son aspect : un plastique cheap, indigne pour une maison de haute couture qui a su si bien maîtrisée le métal pour créer des robes importables mais réjouissantes. Dans une ère qui se dirige vers les NFT et les métavers, Phantom innove à sa façon et va hanter le monde futur des parfums ectoplasmes, un parfum masculin pour des hommes qui ne veulent pas grandir…

Photo: © Paco Rabanne