Je sais, je sais, sans doute êtes vous las de cette orgie footballistique qui a occupé les médias, les esprits et les discussions du café du commerce, pourtant revenons sur un point commun qui touche la plupart des sports aujourd’hui : le physique des sportifs. Observons notamment la gente masculine : la masse musculaire est façonnée par des Olympiens de la fonte, le cheveux, le poil facial et le sourire sont travaillés par des pros de l’esthétique, l’allure est chorégraphiée par des maîtres de cérémonie, la garde-robe est cousue à la dernière mode…
Dans notre monde d’images télévisées et paparazziques, un sportif qui n’aurait QUE des qualités de joueur et de compétiteur aurait peu de chances de grimper sur les podiums et encore moins d’attirer les sponsors à la recherche de trophées people pour vendre leurs produits et porter belle leur image de marque.
Prenons l’exemple de Lionel Andrés Messi Cuccitini, plus communément appelé Lionel Messi, ce jeune footballeur international argentin de 27 ans évolue comme attaquant au FC Barcelone et en équipe nationale argentine (qui s’est donc ramassée face à la puissance teutonne), il empile les distinctions : Ballon d’Or à quatre reprises, Soulier d’Or à trois reprises, meilleur buteur mondial, joueur de l’année, de la décennie, du siècle, etc., résultats de plus de 400 buts réalisés ! Mais ces incontestables talents de footballeur ne seraient rien sans la normalisation esthétique engagée par le star système footeux, et malgré sa petite taille (1,69 m) et un physique banal, Lionel Messi est devenu une icône publicitaire, un mannequin people à l’image d’un David Beckham passé maître dans la paparazzi maniaco-publicitaire.
Adidas, Gillette, Samsung, Lays, Pepsi... enrôlent Lionel Messi dans leur stratégie marketing ; Dolce & Gabbana le rhabillent et l’invitent à poser en petite culotte et sensualité saillante, ils lui taillent des costumes à sa mesure. Même si certains journalistes ricanent, le duo italo-mondain de la mode péninsulaire et planétaire a compris l’intérêt d’utiliser l’image télégénique du sportif qui est deuxième dans le Top Ten des footballeurs les plus célèbres dans le monde.
Ultra médiatisé et de plus en plus policé pour plaire au plus grand nombre, le football est devenu un spectacle global, un divertissement familial, un événement pour bobos avides de bonheur consumériste. Lionel Messi incarne un héros/hérault parmi d’autres de notre société de consommation en mal de repères et d’émotions, une société où les anonymes n’ont plus leur place, sinon celle de rester sur les gradins et de faire la ola en brandissant leur carte de crédit.