Rituel sexopétillant

Dans l'univers du champagne, une certaine tradition bourgeoise domine, ce vin aux bulles délicates sort rarement de son cadre, mis à part quelques audaces de packaging qui émergent aux moments des fêtes de fin d'année pour animer un rayon où se côtoient sans trop de surprises prix d'appel et cuvés prestigieuses.
La maison Piper-Heidsieck link fait appel depuis plusieurs saisons à l'agence BETC Design link pour concocter des packs attrayants avec des créateurs comme Viktor & Rolf ou Jaime Hayon ; pour ce prochain Noël, c'est le chausseur sachant faire chavirer Christian Louboutin qui s'y colle.
Référence des filles "sex and the city", il a renoué avec un rituel un tantinet décadent  : boire le divin breuvage dans l'escarpin de la divine. Pour un chausseur l'allusion était trop tentante de ne pas sacrifier Noël au fétichisme talons hauts et bas résille qui émoustille une partie de la gent masculine.
Un tel rituel profane va sans doute effaroucher les prudes et froisser les derniers errants des églises désertées, pour autant, l'audace est gentille, le coup de pub sympathique.

Les rites de manquent pas dans notre société, mais ils sont de plus en plus cadrés et moralisés (voir le bizutage aujourd'hui vécu comme une agression et non plus comme une intégration) ou alors débilitants comme les embrasements primaires des rassemblements collectifs. Il n'est qu'à voir les dernières algarades et violences des récents matchs de football : ce qui devrait être une fête se termine irrémédiablement en affrontements nationalistes de supporters crétinisés par un patriotisme moisi et puant. Le football n'est plus un sport, un rituel joyeux, c'est le théâtre de l'exaltation haineuse des peuples par le drapeau.  
A regarder ces déplorables images, il est préférable de se cloîtrer dans son alcôve à siroter des bulles dans l'escarpin d'une gironde.   


(Photo : BETC Design/Piper-Heidsieck)