L’érotisme des années 70, très fleurs bleues dans une ambiance hamiltonienne, a accouché de la fameuse série des films Emmanuelle dénudée sur son fauteuil exotique en bambou et cravachée par un mâle professeur sexuel thaïlandais. Avec nos yeux d’aujourd’hui, le synopsis était bien mince et les images de sexe assez peu choquantes mâtinées d’érotisme faussement épicé. Depuis, le porno chic, les sex’toys, les pantomimes des hardeurs anonymes… qui s’éclatent sur internet, nous ont habitué à des déballages qui ne heurtent encore que de rares baigneuses de bénitier revêtues de l’aube vierge de la honte.
Néanmoins, alléchées par cette proximité des chairs lissées, normées, excitées, les chaînes de télévision, toujours opportunistes, emboîtent le pas dans les alcôves pour éveiller la molle libido des couch potatoes avachies dans les sucres lents et dont la télécommande exige un bonne dose de Viagra pour vrombir hors des programmes battus et rebattus.
Canal + a tiré la première avec sa « Maison Close », le sexe tarifé dans un bordel au XIXe siècle, une série en grandes pompes et petites vertus. La lumière était belle, les costumes aussi, l’histoire…
Dans un registre plus proche de nous, la très prude Arte (du moins le croyait-on) lance sa salve érotico-feuilletonesque avec « Xanadu », l’histoire d’une famille qui besogne dans le porno et se déchire à belles dents. Pour ne pas rester en carafe sur les matelas aquatiques, Canal + —encore elle—, dégaine « Hard », une nouvelle série où le « cul bon enfant » adoucit la pénétration brutale dans les mondes obscurs du X. Pas de quoi fouetter un chat à neuf queues…
Pour stimuler nos libidos blasés, on attend que France 3 émerge de sa léthargie provinciale et nous dévoile un « Trop belle la vie » en version brûlante dans les dessous de Marseille, loin des calanques et des dockers en grève…