Hier et avant-hier, les agriculteurs faisaient un grand coup événementiel et positif sur les Champs-Elysées avec force plantations écolo-joyeuses sous un ciel limpide, en rappel à la grande moisson de l’année dernière, je n’y reviens pas, toutes les télés et les journaux en ont assez parlé.
Par contre, cette démonstration ne cache pas le malaise de l’agriculture française enlisée dans une perte de revenus, accroc aux subventions, confrontée à la concurrence et affolée à l’idée d’une modification de la PAC européenne.
L’excellent magazine Mag Cultures, que je recommande à qui veut comprendre les enjeux paysans, a fait paraître ce mois-ci une série d’articles peu optimistes sur le métier d’agriculteur. « Sur le million d’hectares changeant de main chaque année, seule la moitié est dédiée à l’installation de nouveaux agriculteurs, 400 000 hectares partent à l’agrandissement des exploitations existantes et 100 000 hectares quittent définitivement l’agriculture », peut-on lire dans le magazine. Résultat, le nombre d’exploitations est passé de 570 000 en 1998 à 326 000 en 2007 et pourrait dégringoler rapidement à 50 000 agriculteurs ! « C’est un milieu en perdition », constate Jean Viard, sociologue et directeur de recherche au CNRS interrogé par Mag Cultures. « Le paradoxe c’est que, dans le même temps, nous passons d’une économie fossile à une économie que j’appellerais celle du ‘vert poussé’ », poursuit Jean Viard. Certes, nous avons besoin de la paysannerie pour réguler les paysages, nourrir les hommes, mais plus encore nous avons besoin de la terre pour simplement faire pousser nos envies de vivre, de croître et d’exister. Aux agriculteurs de se montrer sous un meilleur jour pour inciter les jeunes générations à prendre la relève, d'autant qu'il y a urgence, baby boom aidant, les paysans qui vont partir à la retraite devront rapidement trouver des successeurs.