Dans le sud de la France où je passe mes vacances (je n’en dirais pas plus sur ce moment de villégiature intime), les corridas font florès. Les toréros dans leurs habits de lumière moulant leur silhouette gracile de danseur de claquettes andalou, affrontent le taureau et l’excitent avec la muleta, cette sorte de cape de couleur rouge. Une tonalité sanguinaire qui chaufferait l’esprit de l'animal au point de le rendre agressif, selon la légende populaire. Rien n’est plus faux, comme bon nombre de mammifères, le taureau ne distingue pas les couleurs, de plus, il voit flou ! Le choix d’une muleta réside dans le spectacle, une couleur très visible et contrastée avec le cuir noir du ruminant corné, une teinte théâtrale adaptée au combat entre l’homme et la bête à qui, lors de la mise à mort, on coupe la queue et les testicules.
A ce propos, Nicolas Guéguen et Céline Jacob, deux chercheurs de l'Université de Bretagne-Sud, ont mené une étude épatante pour un spécialiste des couleurs, concluant que les hommes seraient plus attirés par des femmes vêtues de rouge.
Sur six semaines et dans cinq restaurants distincts, les deux chercheurs ont suivi une dizaine de serveuses ; pendant toute la période d’observation, ces hôtesses de salle habillées chacune et volontairement de t-shirts de couleurs différentes ont été priées de noter les pourboires reçus en fonction du sexe des clients. Conclusion, pour la clientèle féminine, la couleur des vêtements n’a aucun impact sur le montant des pourboires, à l’inverse, 26% des clients masculins ont donné des bonifications plus conséquentes aux serveuses vêtues d’un t-shirt rouge.
Contre toute attente, cette étude d’une fraîcheur scientifique qui sied bien à la période estivale, souligne que lorsque les hommes voient rouge, ils sont plus enclins à la générosité et non à la violence. Ce n’est pas un hasard, si des professionnelles du sexe tarifé et des épouses en mal de sensation, portent une lingerie rouge dans le but très pavlovien d’enflammer la séduction mâle qui somnole dans l'arène…