L'incertitude générale règne depuis de longs mois maintenant et elle ne devrait pas s'éclaircir avant longtemps, pas avant que le poids des dettes s'allège, bien après que la diète qui commence à peine n'ait fait ses effets. En attendant, il faut changer nos habitudes, calmer nos ardeurs, prendre d'autres plis pour consommer différemment : peut-être mieux, assurément moins.
On voit poindre ici et là des modes d'achats fluctuants, élastiques, hésitants où l'envie débridée, passionnelle laisse place à la suspicion des étiquettes, au désœuvrement de la carte de paiement. Dans notre société de l'immédiat, ce calme relatif apporterait une certaine sérénité face à un système de consommation —ou plutôt de consolation devrait-on dire—, qui laisse peu de place à la raison.
Pour autant, il fait raison garder justement, nous sommes d'indécrottables individus consommants dans une société qui a bâti son développement sur la croissance et l’épanouissement dans le shopping frénétique. Un impératif imposé et bientôt remplacé, non par la décroissance fantasmée par des idéologues obtus, mais par la frugalité sélective.
Une vie frugale révèle une forme de simplicité et de retenue, un mode de vie économe (frugal en anglais se traduit par économe). A ce vocable qui inspire une existence quasi monastique, vient se colleter le qualificatif « sélectif », c'est-à-dire « qui fait des choix ». C'est ainsi que les consommateurs vont de plus en plus exercer leur frugalité sélective en sacrifiant ou en réduisant certains postes de dépenses pour mieux privilégier des achats sélectifs et jugés prioritaires qu'ils ne voudront pas diluer dans la récession rampante.
Cette nouvelle attitude est déjà perceptible dans certains secteurs ou la possession d'un objet (l'automobile par exemple) laisse place à la location, àl'échange ou au partage...