Dans la novlangue médiatico-socio-économico-politique, il ne se passe pas un jour sans que le concept de « gouvernance » vienne triompher dans les
discours et rassurer les opinions publiques : non, le monde ne part pas à vau l’eau ; oui, tout est sous contrôle ; bien sûr qu’il faut croire à la démocratie libérale ;
évidemment que le pluralisme est garant de la souveraineté populaire.
Il existe même une agora dédiée à la gouvernance, l’Irg, l’Institut de recherche et de débat sur la gouvernance link qui mène des réflexions
sérieuses et motivées sur le sujet. Institut qui tente d’apporter une eau limpide et poissonneuse à la gangue médiatique qui se frotte rarement au vocabulaire universitaire.
Car dans le langage actuel, cette gouvernance à l’heure de la globalisation, pardon cette « bonne » gouvernance (car elle est toujours « bonne »
évidemment, comme s’il était pensable de défendre une « mauvaise » gouvernance) à l’heure des relations transnationales donne un air de modernité à n’importe quelle platitude et ajoute
un lustre un rien pédant aux autorités qu’elles soient économiques, politiques ou sociales. La « bonne gouvernance » (« buono
governo » comme on disait déjà il y a quelques lustres) est une façon cosmétique de reconnaître une incapacité… à gouverner ! A supposer
qu’avant l’apogée de la gouvernance, on dirigeait à vue, le nez au vent des intuitions et des approximations.
Dans notre monde en proie aux doutes face à des institutions remises en cause, la gouvernance, pardon, la « bonne gouvernance » est le nouveau guide
suprême de la théorie positive prônée par beaucoup : le « plus jamais ça » qui camoufle si mal un aveu d’impuissance.