Pendant que la France s’apprête à vivre encore une fois la litanie des grèves à rallonges et des cortèges de syndicalistes braillards, Milan a fait défiler les prémices de la nouvelle mode masculine. Dans un monde qui crie son angoisse de ne pas voir l’avenir, les créateurs se réfugient dans une forme de faux académisme consolateur. La presse vestimentaire a beaucoup glosé sur la collection Gucci — sans Alessandro Michele renvoyé dans son imaginaire —, en présentant une collection « transitionnelle » qui balaie le « déconnant » au profit d’un placebo stylistique qui soulage l’œil. Cette collection claudique d’un pied, elle donne pourtant le ton à une esthétique, certes un rien neurasthénique, mais, disons-le, plus accessible pour des hommes qui se cherchent un style.
Au programme des collections Hiver 23-24, chez la plupart des créateurs instagrammables et des marques influenceuses, les hommes apparaissent un peu moins folles, un peu moins transgenres et un peu moins adolescents (encore que…), pour recouvrer une virilité non pas nostalgique, mais plus réaliste. Il y a longtemps déjà que les mâles ne sont plus ce qu’ils furent, malgré encore des réacs à la sauce Trump toujours légion, ils endossent un vestiaire qui combine formel doux et street cool : veste maffieuse et pantalon de jogging. Sans négliger une part de transgression pour déjanter l’allure.
À l’image de la collection de JW Anderson ou celle de Prada. Le premier ne fait pas dans la dentelle, il tord les idées reçues pour des hommes-grenouilles confirmés : « Le vestiaire masculin et ses archétypes me permettent de m’exprimer pleinement, car si nous entrons dans une période de dépouillement, de réduction, la mode a besoin d’humour. Ce dont elle manque cruellement en ce moment », a-t-il narré au Figaro. Quant à la seconde, adossée au talent de Raf Simons, elle sort une collection qui équilibre à la perfection le flou et le roide pour tracer un cadre élancé très alangui qui cherche à plaire à la fois aux gandins et aux couillus, une façon de démontrer que chez l’homme actuel le biais n’est rien sans le droit-fil, et vice-versa. On attend les défilés parisiens, si les futurs retraités ne battent pas trop longtemps les pavés…
Photo : © JW Anderson
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