L’année dernière, 2,8 milliards de vêtements et accessoires ont été produits dans le monde, soit autant qu’en 2019 avant la pandémie. L’industrie de la mode ne calme pas sa passion productrice, conséquence d’une bataille ultra concurrentielle entre les acteurs et d’un appétit des consommateurs tentés par la séduction artificielle de la mode. Une surproduction qui pèse sur la planète. Un vêtement, des chaussures, un sac non-produits sont un vêtement, des chaussures, un sac qui ne polluent pas et ne malmènent pas l’environnement. Pour autant, la décroissance n’est pas la solution, reste à mettre en place une industrialisation vertueuse.
Lors de la 4ème édition du Sustainable Leather Forum organisé par le Conseil National du Cuir, les nombreux intervenants ont mis l’accent sur la nécessité de tracer l’impact environnemental d’un produit « durable », de l’amont à l’aval, de la matière à sa fin de vie, avec des outils de traçabilité méticuleux. Un Big Brother de la mode va contraindre les fabricants à jouer la transparence pour mieux juguler la pression sur la planète. L’objectif est de croiser Supply Chain et Value Chain pour améliorer la logistique de production d’un côté et l’information client de l’autre, en identifiant toutes les étapes industrielles et marketing. Une démarche pour sortir du greenwashing pratiqué par des marques qui se ripolinent d’une couche RSE pour afficher une bienveillance écoresponsable. Un des objectifs de la traçabilité étant de passer du vert opaque au vert transparent.
Difficile de parler de greenwashing pour la filière cuir dont les efforts environnementaux sont patents depuis longtemps déjà, son enjeu principal étant la lutte contre les a priori sur le cuir, matière naturellement durable : la peau animale, sous-produit de l’agro-alimentaire est un déchet valorisé, recyclé et ennobli. Sans être évidemment irréprochable, la filière cuir se plie aux règles internationales toujours plus contraignantes et répond aux injonctions de consommateurs souvent mal informés pour ne pas dire déformés par des activistes trop empressés. Cela dit, une meilleure logistique tracée sur toute la chaîne ne résout pas tout. « Une matière écolo n’existe pas ! », assène Quentin Hirsinger, fondateur de MatériO’, intervenant du Sustainable Leather Forum. Selon lui, il faut sortir du manichéisme du bon et du mauvais sans avoir toutes les clés de compréhension. En quoi un « cuir vegan », qui est déjà un abus de langage illégal, serait meilleur qu’un « vrai cuir » ? Aujourd’hui, les alternatives au vrai cuir sont des similis dont la naturalité est très discutable et dont la durabilité n’est pas démontrée. Le cuir n’est pas plus un éco matériau qu’un autre, mais il a l’avantage d’être un matériau recyclé et renouvelable par nature, un modèle d’économie circulaire.
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Photo: D.R.