Après avoir freiné des quatre fers, le constructeur au cheval cabré a annoncé sa première automobile électrique en 2025. Une bascule hautement symbolique qui met à mort le plaisir automobile. Une Ferrari est un concentré d’ingénierie mécanique et de souffle vrombissant dont on apprécie la puissance au volant et le nez dans le moteur dont les vocalises se reconnaissent au feulement de l’animal d’une simple pression sur l’accélérateur. Extase ignorée avec un véhicule électrique qui chuinte ses électrons sans vie, sans bruit, comme un pet furtif sur une toile cirée.
Un moteur thermique est un exercice d’ingénieurs et de mécaniciens grisés par l’ivresse de la puissance contrôlée. Un moteur électrique est aussi peu palpitant qu’un aspirateur sans fil : un stator, un rotor et des batteries, point barre ! Cet assemblage basique exige d’ailleurs 40% de main-d’œuvre en moins par rapport à un moteur thermique (des milliers d’emplois vont partir avec les gaz d’échappement, 40.000 en France) et un entretien à minima : au mieux, un tiers des garagistes va disparaître... A cela s’ajoute la mise au rencard de l’écosystème des amateurs de voitures classiques : manifestations, salons, rallyes, rassemblements et presse spécialisée. Bien sûr, une voiture électrique est plaisante pour emmener les gosses à la garderie et récupérer les courses au click & collect, un usage attendu pour 90% d’une humanité pousse-Caddie. Alors au nom de l’écologie, les 10% restants n’ont plus qu’à faire comme Thelma et Louise : accepter une ultime accélération en se jetant avec leur véhicule dans le précipice d’un monde automobile sans plaisir.
N’empêche que les supposées « voitures propres » roulant à l’électricité sont un abus de langage, si elles ne polluent pas en roulant, de nombreuses études dans le monde démontrent la discutable posture écologique des véhicules électriques, de l’extraction des matériaux pour leur fabrication, notamment des batteries, à leur usage quotidien et à leur recyclage. Une enquête 2020 du quotidien de l’écologie Reporterre dévoile que « produire un véhicule électrique demande beaucoup plus d’énergie, et émet deux fois plus de gaz à effet de serre que de produire un véhicule thermique, du fait de la production de sa batterie et de sa motorisation ». L’apologie outrancière de la voiture électrique conduit au déplaisir de la conduite et est en plus un leurre écologique. Du haut de sa fougue conquérante, le cheval cabré Ferrari fait fausse route avec les moutons bêlant les vertus propres d’une électromobilité qui déplace la pollution sans faire avancer l’écologie, la vraie.
Photos : D.R.