La grande passion française des conflits et des outrances ne faiblit pas. Les moulinets médiatiques autour du Black Friday en sont un bel exemple. Cet événement promotionnel a pris une tournure particulière en France, où une économie administrée par le gouvernement Macron entrave la liberté du commerce. Les activistes de la déconsommation auraient souhaité l’interdiction de cette fête commerciale. Les promoteurs du Green Friday aussi au prétexte qu’il serait la source d’une surconsommation de produits superfétatoires et de gaspillage.
Lors des enquêtes d’opinion, une majorité de personnes soutient ce point de vue : les enjeux écologiques ne sont pas ignorés ou déniés, chacun a bien conscience de la nécessité à réformer la société de consommation. Or, dans les faits, entre les bonnes intentions et les actes d’achats, il y a un gap, toujours un gap. « Le Black Friday a attiré les foules » titrait le Parisien ce matin. « Malgré son report d’une semaine, le Black Friday qui s’est déroulé ce premier week-end de décembre a séduit les Français, surtout en ligne. » Des ventes en ligne qui ont bondi de 247%...
Preuve s’il en est que les individus sont pragmatiques et regardants sur les prix, et que les contributions sociétales et écologiques passent après, non par renoncement mais par réalisme et opportunisme pour profiter des promotions. L’ambition de « changer le monde » portée par des citoyens engagés est un combat digne et nécessaire. Mais défendre une consommation responsable et raisonnée ne devrait pas conduire à une culpabilisation des consommateurs et encore moins à une moralisation de la consommation. Les injonctions punitives de l’écologie politique qui oppose Black Friday et Green Friday butent sur le mur de l’indifférence masquée. Le consumérisme ne devrait pas se contingenter à une idéologie de la consommation, voire de la surconsommation, mais revenir à son étymologie originelle : « Un plaidoyer en faveur des droits et intérêts des consommateurs. » Si crise du modèle il y a, sa refondation ne fera pas sans eux et leurs désirs, peut-être contradictoires, de sauver la planète et leur porte-monnaie.
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