L’impression 3D s’annonce comme un des éléments constitutifs de la 4erévolution industrielle. La première révolution date du XVIIIesiècle avec le charbon et la machine à vapeur qui ont permis la production mécanique ; la seconde remonte au XIXesiècle : l’électricité a ouvert la voie à la production de masse ; la troisième au milieu du XXea imposé la production automatisée grâce à l’arrivée des automates et des robots ; la quatrième, à peine amorcée doit encore faire les preuves de sa rentabilité dans un écosystème industriel qui réclame de lourds investissements.
« La fabrication additive » grâce à l’impression 3D promet de s'affranchir des moules, des presses, des prototypages longs et complexes, de réduire les cycles, les coûts et les stocks, et même de rapatrier des productions. En 2017, l’équipementier de sport Adidas annonçait l’ouverture en Allemagne de deux unités de production entièrement automatisées, baptisées Speedfactories, conçues pour produire localement en fonction des marchés nationaux occidentaux, deux ans plus tard, la marque les ferme et les relocalise en Asie. La raison de ce recul ? Le coût trop élevé de ces usines du futur que 500 000 paires de chaussures produites ne suffit pas à rentabiliser. Le concept est pertinent, il doit mieux se calibrer aux réalités économiques.
Face aux enjeux écologiques, l’humanité tente la sobriété contre le consumérisme qui va nécessiter une reconversion de l’économie de masse vers une économie de la demande personnalisée, avec en filigrane, des unités industrielles flexibles éparpillées autour des zones de consommation. Bien qu’elle ne semble pas encore adaptée à la production de masse, l’impression 3D n’est pourtant qu’un maillon de l’usine 4.0 dont le potentiel est considérable ; grâce à l’intelligence artificielle et une accélération de la robotisation très poussée des tâches, elle s’appuie sur la maintenance prédictive contre les pannes, une automatisation des flux, une diminution de la consommation d’énergie, une refonte des systèmes de production et une optimisation de l’efficacité opérationnelle.
La relocalisation industrielle se fera dans le cadre du concept de « proxi factory » : des usines automatiques entièrement numérisés qui produiront « des objets-services connectés, conçus par des designers et fabriqués par des robots, sans cambouis, sans sueur et sans fumée toxique », selon Jacques Lévy, géographe, qui invite à faire table rase du passé industriel, sans nostalgie (in Libération, 18 novembre 2019). En Chine, « le plus grand atelier du monde », est déjà très en pointe avec une implantation active de ces usines sans ouvriers dont elle peut/veut imposer un standard pour toute la planète. Avec un grand péril : l’inutilité sociale de millions de travailleurs remplacés par des automates. Les Etats-providence dispendieux en frémissent d’horreur...
Le XXIe siècle, enfin ! Le monde de maintenant (et d'après...), Trendmark Publishing, 2020 c'est ici !