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Le sparadrap du capitaine Haddock

Le Président Macron n’a décidément pas la baraka, l’entièreté de son quinquennat aura été une suite de chausse-trappes qui lui colle aux doigts comme le sparadrap du capitaine Haddock. Ainsi en est-il de la convention citoyenne qui a remis sa copie et dont le contenu est censé apporter des réponses concrètes sur ce qu’il faudrait faire face aux drames climatiques qui nous guettent. Ce rapport imparfait — néanmoins instructif — contient à la fois des mesurettes anecdotiques (comme l’interdiction d’indiquer la proximité d’un centre commercial sur un panneau publicitaire...) et des actions plus captivantes (comme la création d’un CO2score pour signaler les produits les plus polluants...), or, il ne prend pas en compte la réalité économique et budgétaire actuelle et future, la tonalité de l’ensemble très écolo-militante ignore la récession brutale que nous subissons et pose des jalons moraux où il s’agit d’interdire, de contraindre et de taxer.

 

Ce rapport jeté en pâture à la vindicte, ouvrant de vaines polémiques dont la France à la secret, notamment cette guerre des tranchées qui s’annonce sur le front de l’abaissement de la vitesse à 110 km/h sur les autoroutes, manque singulièrement de hauteur. Il rétrécit le regard sur le petit bout de la lorgnette avec une écologie punitive, alors qu’il faudrait un grand angle pour imaginer une écologie incitative. 

 

Et c’est encore une fois le monde de l’entreprise qui en prend pour son grade. Car c’est une rengaine bien rythmée : l’affreux capitalisme est responsable des désordres climatiques, il doit donc payer et se plier aux règles d’un écologisme totalitaire. Et les consommateurs sont des benêts irresponsables, ils devront entrer dans l’ordre monacal de la déconsommation et faire pénitence. 

 

A peu près tout le monde s’accorde sur la nécessité de changer de modèle, de calmer notre frénésie à courir après la croissance à tout prix, à réconcilier développement économique et écologie, la méthode que l’on voudrait nous imposer n’est pas la plus pertinente, d’autant que les problèmes que nous affrontons sont planétaires, en conséquence, les solutions doivent être planétaires. La France  représente 1% de la population mondiale, elle sera éjectée du Top 10 des pays les plus riches en 2030 (peut-être avant), son modèle social est à bout de souffle, son économie recule, sa balance commerciale continue de s’éroder et sa part de marché dans le commerce mondial plafonne à +/-3%... Cette détérioration amplifiée par la crise actuelle, le rebond espéré et l’exigence d’une économie plus verte doivent se penser avec plus de raison et moins de passion, sans la pression politique d’un référendum illusoire sur la vitesse des autoroutes. 

 

Dans le monde de maintenant et d’après, l’écologie ne doit pas être politique, mais philosophique pour établir les fondements d’une société où chacun devra trouver sa place, sans coercition. Sans sparadrap qui colle aux doigts...   

 

 

Dessin : © Hergé

 

Le sparadrap du capitaine Haddock
Tag(s) : #Idées
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