Dans quelques semaines, lorsque la pandémie que nous confine se sera évaporée dans la chaleur de l’été, quel va être le comportement de tout un chacun ? Difficile de répondre tant l’événement planétaire sidère pour le moment. S’il est malaisé d’être dans la tête des individus, on peut tenter de tirer quelques grands traits tendanciels de cette crise qui pourraient dessiner la vie d’après.
La mise à distance forcée dans le monde réel a donné tout son sens aux mondes virtuels. Le télétravail explose littéralement par la force des événements et les entreprises découvrent que les collaborateurs à distance sont plus productifs, moins tentés par l’absentéisme pour un oui pour un non, leur vie personnelle est plus équilibrée, avec des temps réduits dans les transports et les réunions à rallonge. Télétravail et téléconférence sont bons contre le stress et le babillage.
Il en est de même avec les études hors les murs des écoles et universités qui s’imposent de fait. Toutes les analyses sur le sujet montrent que les performances entre e-learning et présentiel sont équivalentes à condition que les moyens et les outils adéquats soient déployés. Une bonne occasion de repenser un système d’éducation souvent obsolète avec des modes de transmission des connaissances au ratio coût/bénéfice très moyen, particulièrement en France. L’enseignement à distance a aussi l’intérêt de mieux responsabiliser les élèves/étudiants et les parents qui prennent leur destin en main et n’attendent pas tout d’un Etat défaillant.
Reprendre le contrôle, tel sera aussi le mot d’ordre des consommateurs qui risquent fort de modifier leur mode d’achats en poussant davantage le e-commerce, la livraison à domicile et en étant plus sélectif dans leurs dépenses. Il faut s’attendre à des changements permanents et profonds où les marques, là encore au ratio coût/bénéfice faible, seront condamnées à disparaître. Idem pour la distribution, la saignée va être violente dans les villes où des centaines de magasins garderont le rideau baissé, les centres commerciaux, lieux de flux des foules hagardes, vont devenir des cimetières. Les interactions humaines seront renforcées dans des lieux de vitalité et d’échange, les bars, les restaurants bien sûr, les espaces de vente à forte valeur ajoutée sensationnelle et les lieux de nécessité qui proposent des produits et des services indispensables au quotidien, ils devront être pensés comme des agoras citoyennes pour renforcer la proximité et l’esprit collectif étiolés par notre individualisme.
Nous sommes de plain-pied dans le monde de Darwin, promoteur de la théorie de la sélection naturelle : « L'unité et la diversité du vivant s'expliquent par l'évolution, et le moteur de l'évolution adaptative est la sélection naturelle. » Cruel pour certains, réaliste pour d’autres. Les gouvernements qui entendent déverser des milliards pour éviter des faillites inéluctables ont intérêt à être sélectifs pour sauver les entreprises saines et donner aux faillis les moyens de rebondir et de se (ré)former. La bonne nouvelle, et à la différence avec une guerre qui détruit tout, la crise sanitaire n’entraîne pas de destruction d’usines ou d’infrastructures, elle accélère la disparition des entreprises qui étaient déjà fragiles.
Cette pandémie ne sera pas la dernière, la décennie qui vient va être très chaotique, puissions-nous en tirer des leçons. Malgré les forces destructrices d’un tel événement, elle est une formidable opportunité systémique à nous faire entrer (enfin !) dans le XXIe siècle, avec, espérons-le, une conscientisation du citoyen-consommateur à remettre du sens dans son mode de vie, à ralentir, à arrêter de se plaindre, à (re)prendre du plaisir à être vivant, à inventer une nouvelle prospérité avec les forces vives qui l’environne.
Autre bonne nouvelle, les lendemains de crise sont en général très festifs, les bars et les restaurants vont se remplir de fêtards joyeux, les salles de spectacles et les lieux de loisirs collectifs vont accueillir des foules avides de rire, de danser et de chanter, les marques et les enseignes qui savent habillement vendre de la frivolité utilitaire vont connaître un boom. Tout cela, sans mettre de côté l’importance à anticiper la prochaine crise. Ceux et celles qui survivent sont ceux et celles qui savent s’adapter aux changements, dixit Darwin.
Photo : D.R. montage D.C.
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