Le concept de start’up est dans toutes les têtes du monde entrepreneurial et financier avec une explosion de pépinières qui accueillent des embryons d’entreprises prêts à devenir de beaux bébés. En réalité, 90% de ces embryons en nidation échouent pour diverses raisons dont la principale : le miroir aux alouettes.
A longueur de colonnes, de documentaires et de récits, on voit des stratupeurs, qui, drapés dans leur cape de héros flamboyant, font état de leur illumination entrepreneurial qui les a conduit à séduire des investisseurs, à lever des fonds, à brûler du cash, à grossir jusqu’à l’implosion avant de revendre — à temps et au prix fort ! — leur « idée géniale » à des entreprises maousses du siècle dernier espérant une jeunessence grâce au virus de la start’up. Si les plus opportunistes et les plus habiles des entrepreneurs en herbe deviennent milliardaires en deux ou trois pitchs bien emballés, combien se contentent d’accéder au Graal de la libre entreprise : choisir et développer un projet, tout simplement.
C’est avec cette philosophie que Les Rencontres du Luxe, organisées par Sup de Luxe, ont abordé la volonté d’entreprendre dans le secteur du luxe avec le témoignage de sept alumni de générations différentes *. Animé par Thibaut de la Rivière, directeur de Sup de Luxe, et moi-même, cet échange démontrait la diversité des profils et des sensibilités, avec des points de convergence très nets et vraiment partagés. Chacun cherche à faire un business profitable évidemment, mais pas à n’importe quel prix : l’éthique, la conscience des autres, la responsabilité sociétale, l’engagement de faire du beau et d’apporter du plaisir sont indissociables de leur démarche. Sans sacrifier l’élément essentiel : la liberté. Malgré les embuches, les difficultés, les contraintes à entreprendre, aucun d’entre eux ne souhaitent revenir en arrière, aucun n’a envie de retourner dans les grands systèmes pour lesquels ils travaillaient.
A cela s’ajoute une conscience de ce qu’ils sont et de ce qu’ils font, et je ne parle pas d’humilité mais d’honnêteté. Ces entrepreneurs ne révolutionnent pas le secteur du luxe, loin s’en faut, les produits et leurs services traditionnels s’ajoutent à un univers déjà fortement concurrentiel et encombré, tant il est vrai qu’il est difficile d’innover dans le secteur du luxe. Pourtant, ils sont bien ancrés dans le 21èmesiècle et ils participent à l’écriture de ce luxe en demi teinte qui frémit, le luxe du moins c’est mieux, le luxe cool de la beauté du geste, le luxe conscient du monde qui change…
* Sur la photo, de gauche à droite : Anaïs Bordier, Atelier Jean Rousseau, promo 2016 ; Aliénor de Menthière, Appart’Gourmand, promo 2013 ; Antoine Chapoutot, joaillier, promo 1993 ; Carole Grouezy, Attitude Luxe Magazine, promo 1997 ; Julie Zhu, Bougies Julie Zhu, promo 2000 ; Guillemette Dormans, Blossom Projects, promo 2005 ; Marine Monloubou, Les Jupons de Louison, promo 2014.
Au premier plan, Thibaut de la Rivière et Dominique Cuvillier