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Le luxe, industrie normale

Les professionnels du luxe considèrent souvent qu’ils travaillent dans un secteur à part, un univers ouaté, secret, protégé des vicissitudes du monde, le monde d’en bas. Une vision déformée évidemment... Deux événements récents montrent la réalité et une mutation vers une « normalité » de cette industrie, car il s’agit bien d’une industrie…

 

Premier événement, le 18 juin dernier, la Maison Hermès est entrée dans le Panthéon de la bourse française : le CAC 40. Forte d’une capitalisation boursière de plus de 59 milliards d’euros, Hermès rejoint d’autres leaders du secteur : LVMH, première capitalisation de l’indice, Kering et L’Oréal. Ce quatuor 100% français pèse 24,3% des 100 plus grandes entreprises de luxe dans le monde, d’après Global Powers of Luxury Goods/Deloitte.

 

Second événement, Chanel a annoncé la semaine dernière communiquer sur ses chiffres. Jusque là, la célèbre griffe de la rue Cambon détenue par les frères Wertheimer fermés comme un coffre-fort suisse, demeurait très discrète, au point de générer beaucoup de fantasmes… Avec un chiffre d’affaires de 8,5 Mds d’euros et une marge opérationnelle de 28%, Chanel se livre enfin et on découvre — sans surprise — qu’elle est un mastodonte en belle forme, tutoyant Louis Vuitton, « la plus grande marque de luxe au monde ».

 

L’industrie du luxe française se porte comme un charme, les entreprises investissent beaucoup, recrutent et sont aisément entrées dans le 21ème siècle, malgré l’âge canonique de la plupart des Maisons qui la représente. Mieux, le solde commercial de ce secteur économique oscille entre 30 et 40 milliards d’euros chaque année, soit plus que l’aéronautique ! Le gouvernement actuel — comme les précédents —, l’oublie souvent, obsédé par la réindustrialisation lourde de la France (la chimère des hauts fourneaux) et par le syndrome de la « startup nation » qui agite les crânes d’œufs étatiques. Si nous n’avons pas à rougir de la qualité de nos ingénieurs et de nos entrepreneurs, nous avons perdu depuis longtemps la bataille de la technologie. Ni la France, ni l’Europe ont été capables de donner naissance à des Google, Facebook, Apple, Amazon, Microsoft, et autre Netflix, des colosses américains qui façonnent le nouveau monde des technologies en créant des objets, des services et des usages partagés par tous sous toutes les latitudes ; relayés depuis peu par des géants chinois, les Alibaba, Tencent, Ant Financial, Baidu, Didi, JD.com, Xiaomi..., une dizaine de sociétés, dont la capitalisation pèse déjà des centaines de milliards de dollars, et qui figurent parmi les vingt entreprises les mieux valorisées du secteur mondial de la tech… contre trois il y a cinq ans, selon une étude Kleiner Perkins Caufield & Byers !

 

Issues de la « vieille » économie, les entreprises de luxe françaises et européennes sont puissantes et mondialisées, attractives et enviées, uniques et de plain pied dans le monde d’aujourd’hui en sachant préserver un patrimoine exceptionnel, sans tomber dans un historicisme rasoir. L’esprit startup se traduit par une capacité à être agile, opportuniste et performant, une conscience qui ne manque pas à nos griffes scintillantes qui inventent le luxe de demain et font briller les yeux des consommateurs du monde entier. Un atout de premier plan dans une France toujours moyenne.

 

Images : D.R. /photomontage : D.C.

Tag(s) : #Marketing
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