Le salon Baselworld 2016 qui a réunit la planète mondiale de l’horlogerie fait face à un trou d’air lié aux turbulences économiques et géopolitiques avec des ventes en recul sur le segment haut de gamme, la belle horlogerie suisse. Ce qui ne veut pas dire qu’il y a péril en la demeure, un rebond devrait intervenir, les manufactures et les marques cherchant des voies créatives pour préserver la magie de leurs productions d’exception tout en s’adaptant à des clients versatiles, et plus exigeants quant à l’usage de leur garde-temps.
Les grandes manufactures poursuivent leur quête de « complications » où les tourbillons tourbillonnent pour des montres dont la prouesse technique doit « ébahir » l’acheteur, en général des passionnés et des amateurs fortunés. En regard de ces objets complexes, la simplicité, voire le minimalisme s’impose pour les montres essentiellement masculines avec des cadrans épurés, des formats élégants, des lignes élémentaires tirées à l’épure pour ne laisser que l’essentiel comme la Chanel Boyfriend en version acier, la Slim d’Hermès Manufacture 39,5 mm, la Slimline (le « slim » est une des grandes tendances en horlogerie) Auto Heart Beat de Frédéric Constant, la N°01 de MeisterSinger, la Globemaster Calendrier Annuel de Omega, la Grande Seconde Décentrée Onyx de Jaquet Droz…
Face à cette veine simpliste et lisible, les manufactures cherchent à rassurer avec des grands classiques, des modèles emblématiques de leur histoire et destinés à des clients qui cherchent des montres repères, des montres totems, des montres héritages qui leur paraissent moins « démodables » : la Reverso de Jaeger-LeCoultre, l’Overseas de Vacheron Constantin, la Pilot d’IWC, la Royal Oak d’Audemars Piguet, la Nautilus de Patek Philippe, la Laureato de Girard-Perregaux, la Tudor Heritage, etc.
Dernière actualité qui « chatouille » l’horlogerie suisse, les montres connectées qui ne font pas l’unanimité dans le microcosme helvète d’autant qu’elles n’entrent pas (encore) frontalement en concurrence avec les montres traditionnelles. Mais il ne faut pas ignorer les évolutions d’usage chez certains clients. Tag Heuer (LVMH), une des premières marques à s’être lancée dans l’aventure, a annoncé en avoir vendu 20.000 (quatre fois plus que prévu !) auprès d’une clientèle masculine âgée de 35 ans en moyenne et adepte des nouvelles technologies. Lors d’une conférence de presse à Baselworld, François Thiébaud, le patron de Tissot qui a lui aussi créé une montre connectée, a relativisé le développement de ce type de produit limité dans l'usage de son point de vue : « On ne porte pas une montre connectée pour aller à un mariage ou à l'opéra », a-t-il déclaré. Et pourquoi non ?
Images : © Chanel - Hermès - Frédéric Constant – MeisterSinger – Omega - Jaquet Droz