Ce mois de janvier a été stimulant pour le secteur automobile, d’une part les ventes mondiales se portent bien, (+2% en 2015 vs 2014 atteignant près de 80 millions d’unités, + 3% attendu en 2016), et d’autre part, la mutation de cette industrie semble en marche portée par la révolution numérique. Les constructeurs automobiles se bousculent sur le CES (Consumer Electronics Show) de Las Vegas pour ne pas rater la compétition future : connectivité, moteur électrique, véhicule autonome… vont changer demain et après-demain notre conduite et transformer la route.
A plusieurs centaines de miles de là, l’American International Auto Show de Détroit braquait les projecteurs sur les automobiles actuelles. Sur un ton sensiblement différent, les innovations technologiques ne sont pas restées sous silence évidemment, seules les énergies alternatives semblent écrasées par le vrombissement des moteurs thermiques. En effet, voitures électriques et voitures hybrides passionnent moins les acheteurs eu égard à un prix de l’essence au plus bas et un cours du pétrole peut enclin à une remontée prochaine, conséquence, les pick-up virils au moteur surpuissant, les SUV surdimensionnés et les berlines haut de gamme au format XXL sont les stars du salon et seront en bonne place prochainement dans les concessions mondiales.
Est-ce à dire que les constructeurs se moquent comme d’une guigne de l’écologie ? Disons qu’ils répondent en priorité aux envies immédiates des clients, tout en s’engageant à entrer dans les fourches caudines de l’éco-responsabilité en cherchant à produire des moteurs dont la consommation moyenne sera réduite de moitié en 2025, soit moins de 4,5 litres aux 100 kilomètres (sans truquer ?) pour la plupart des véhicules. Avec une consommation aussi basse, le pétrole continuera à dominer même si les cours remontent rapidement à $100 le baril...
Sans vouloir trancher d’une manière définitive, ni décourager ou enrager les écologistes, les énergies 100% vertes et la réduction drastique de la pollution ne sont pas encore pour demain, seule la transition énergétique et sa diversité va s’imposer pour encore une bonne quarantaine d’années encore. L’Institut Futuribles qui a récemment publié son rapport prospectif annuel Vigie, nous éclaire sur le sujet : la demande d’énergie va continuer à croître tirée par la croissance démographique et par le développement des pays émergents, et le mix énergétique mondial devrait s’équilibrer entre quatre filières. Le pétrole et le charbon domineront encore avec 50% de part de marché à l’horizon 2050, suivi par le gaz à 24%, et enfin les « énergies à faible émission de carbone » à 26% dont 19% pour les renouvelables comme le solaire et l’éolien et 7% pour le nucléaire. Ainsi, imaginer que le moteur électrique dominera rapidement le secteur automobile est une utopie, petites cylindrées urbaines et gros bolides surpuissants se croiseront encore longtemps dans les stations d’énergie mixte où nous nous s’approvisionnerons bientôt indifféremment en essence, gaz et électricité pour alimenter nos véhicules vrombissants ou silencieux…
Photos : D.R.