Rituel bien huilé, Pantone a dévoilé « LA » couleur de l’année, une démonstration publicitaire qui a eu lieu dans la cadre de la foire d’art contemporain de Miami Art Basel. Une façon Chic et VIP d’entretenir le mythe du Pantone Color Institute (dans le giron du groupe américain Danaher), une jolie machine à cash qui a imposé la normalisation mondiale des couleurs auprès des professionnels et dans le même temps a su séduire le grand public avec des licences accordées à une foultitude d’industriels pour colorer une avalanche de produits.
Car le pantonier aligne pas moins de 5.000 teintes normées et nommées, et pour mieux en promouvoir la richesse, l’institut décide donc chaque année la nomination d’un coloris vedette, une sorte de Miss Univers de la couleur qui parade une année entière avec son trophée.
Pour 2016, le jury du Pantone Color Institute n’a pas choisi une « miss », mais deux ! Un rose Quartz et un bleu Serenity, duo de teintes puisées dans le registre bien connu pastel et poétique des nouveaux nés. Le jury y voit-il une envie de renouveau dans un monde qui vire au morbide ? « Ce mariage de couleurs chaleureuses est un antidote au stress de la vie moderne et répond au besoin ambiant de réassurance et de sécurité », confirme Leatrice Eiseman, directrice du Pantone Color Institute (in Les Echos WE du 4 décembre 15).
Un éclairage bisounours qui fait du bien à l’âme, avec en filigrane une posture politiquement correcte en plaçant les femmes et les hommes sur un pied d’égalité, mais chacun à sa place, chacun avec sa couleur. Un écho à la montée des bien-pensants rouges et noirs qui pullulent, bien décidés à remettre les questions de genre dans le droit chemin de la morale dévote ? Je ne vais pas accuser Pantone de freiner le mélange des genres actuel qui tend vers le transgenre « a-colore » ou le non genre décoloré irritant les extrémistes violents et les réactionnaires moisis, ces tonalités layette ont un effet placébo qui recouvre un instant la grisaille de notre société déboussolée.
Image : © Pantone 2015