Avez-vous l’ego long ou l’ego court ? Je vois bien que vous froncer du front au risque de creuser davantage votre ride du lion que le botox ne vous a pas encore raidi, j’évoque ici l’usage inconsidéré du selfie, onanisme photographique moderne qui inonde les réseaux sociaux de photos de soi, des images instantanées souvent assez moches faut-il le préciser. Pour améliorer cette mocheté et paraître fondu dans un décor ou dans une foule de ricaneurs et mieux se shooter dans son intégralité physique, le « selfie stick » ou « perche à selfie » est devenu l’accessoire indispensable. Primordial dans les soirées entre potes du moi-je, et capital aux grappes de touristes qui démabulent l’œil torve autour des beautés du monde ; c’est pour cette raison que le commerce de la grande perche y est prolifique, un commerce souvent assuré par des Indiens ou des Pakistanais opportunistes, les mêmes qui vous vendent des parapluies quand il pleut ou des ventilateurs à piles les jours de canicule.
La nature humaine étant ce qu’elle est, c’est-à-dire étonnante et insconstante, la perche à selfie génère des abus liés à sa taille : plus c’est long, plus c’est… Et l’orgueil étant le propre de l’homme, il semblerait que la gent masculine enfle du nombril davantage que les femmes et cherche donc à brandir la plus longue. Cela dit, rien que de très normal, une étude britannique commanditée par la site de mode et beauté masculines Ajav constate que les hommes se regardent en moyenne 23 fois par jour dans un miroir, contre 16 fois pour les femmes ! Il semblerait que les femmes s’acceptent moins bien physiquement doutant de leur plumage, alors que les hommes autoflattés apprécient de polir leur fier ramage dans le reflet de leurs illusions.
C’est donc par extension narcissique que le selfie et sa canne à élongation se sont imposés comme le miroir digital de cette vanité contemporaine qui, ceci dit en passant, exigerait pour certains des cures de désintox. Dans un objectif de prévention désintoxinante, l’américain Pizza Hut diffuse un spot d’information sur le « selfie stick abuse », un film hilarant qui ironise gentiment sur l’usage abusif de la grande perche… A méditer pour les braqueurs-branleurs obsédés par eux-mêmes…