Lors de ma dernière intervention dans le cadre de The Fragrance Foundation la semaine dernière réunissant un parterre fourni de professionnels du parfum, je me suis interrogé sur l’hystérie productive de ce marché. Je parle d’hystérie à dessein, car il ne peut s’agir de dynamisme enthousiasmant, en effet, globalement les ventes piétinent en volume et augmentent légèrement en valeur parce que peu ou prou les marques ont singulièrement augmenté leurs prix...
Ainsi, sur le segment du sélectif, on a recensé une centaine de lancements en 1992, plus de 500 en 2002, 1.330 en 2012 ! Et l’année dernière, le chiffre était de 1.620 lancements !
Ce secteur se targue de création et d’innovation, eu égard au chiffre exponentiel de lancements, on pourrait le croire. En vérité, la masse de « me too » est affligeante, et surtout les marques de parfums n’ont de cesse d’étendre le domaine du flanker en produisant des déploiements paresseux de leurs jus phare.
A l’image de Guerlain qui, avec La Petite Robe Noire a créé une jolie surprise en 2012 avec une fragrance pétillante et une communication sautillante (et élégante), loin des campagnes convenues des concurrents qui se contentent de se payer des égéries mises en scène dans des bluettes publicitaires navrantes. Or Guerlain, depuis 2012, a sorti pas moins de quatre flankers — un tous les six mois ! —, de cette petite Robe Noire qui craque aux coutures, des extensions inutiles qui abiment l’intégrité d’une marque qui devrait réfléchir à ralentir plutôt que de jouer la carte de l’indigente fausse nouveauté comme une vulgaire marque de mass market. Comportement indigne pour une marque dite de « luxe ».
Une marque de luxe qui ne prend plus son temps, n’est déjà plus pérenne et finira dans la thrombose collective de la surconsommation destructrice de sens et de valeurs…